Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un jour, j'ai...
14 août 2014

Un jour, j'ai... été comme Patrick Vieira.

Vieira

Afin de savourer la lecture de ce billet, je vous conseille le fond sonore suivant:

Un jour, un destin de DJ Phantom

 

"Quand vous êtes dans la surface (…) mettez la balle au fond des filets, on discutera des autres possibilités plus tard." Bill Shankly.

 

17 mai 2000. Date très importante pour Patrick Vieira et moi, vous allez savoir pourquoi.

Mais avant d’en parler, connaissez-vous Patrick Vieira ? Après Zizou, c’est mon deuxième footballeur préféré, un monstre physique avec un impact énorme dans l’entrejeu, capable de récupérer des ballons grâce à son imposant gabarit et à délivrer des caviars à ses coéquipiers. Grand, black, beau à voir jouer, technique, physique… Lui et moi on est presque pareil, sauf que je ne suis pas grand, ni black, et que je suis loin d’avoir son niveau, mais bref ! C’est pas ça le plus important.

Le plus important c’est cette soirée du 17 mai 2000. Patrick et moi avons vécu des moments semblables, avons partagé tous les deux des moments d’intense émotion, de doute, de joie, d’excitation. Lui ne sait pas que nous sommes liés d’une certaine façon, d’ailleurs, Patrick, si tu me lis… Séquence émotions, flashback, retours sur ces destins croisés.

Des années que nous attendons cet événement. C’est pour nous la plus belle façon de clôturer ces derniers mois de travail acharné. Depuis que nous connaissons l’échéance, nous avons laissé monter la pression, on avait à la fois envie d’y être mais en même temps pas tant que ça, on voulait tout donner en espérant que nos partenaires étaient aussi motivés que nous.

La journée nous a paru interminable. De longs moments consacrés à se concentrer, à se reposer pour être frais, à imaginer le déroulement de la partie, à faire et refaire les gestes justes. Il y a eu aussi des moments où on était sûr de nos forces et des moments de doute, à se demander si nous serions à la hauteur de l’événement.

Sur les coups de 18 heures, ça commence à s’emballer. La tension monte d’un cran, le départ pour le lieu de rendez-vous est proche. On prépare nos affaires, on fait attention de ne rien oublier, il nous reste deux heures avant le coup d’envoi des hostilités quand sonne 19 heures. Là ça y est, on rentre dans le vif du sujet. Petite collation, très légère parce qu’on n’est pas très affamé et il vaudrait mieux éviter d’avoir l’estomac trop chargé.

C’est le moment d’enfiler nos tenues, le bas assorti avec le haut, on fait attention de porter les bonnes chaussures, on a chacun nos petites manies avant un grand évènement, alors on se livre à nos rituels respectifs. Nous sommes prêts à en découdre.

21 heures. L’échauffement a été intense, place au jeu. Nos partenaires et nous sommes en totale osmose, on se regarde dans le blanc des yeux et on se promet tous de ne rien regretter. Là on ne peut plus reculer, il faut y aller, à nous de faire vibrer des millions de personnes !

La partie commence, timidement. Le rythme n’est pas très élevé, la pression qui va retomber nous rend pour l’instant maladroits. Les gestes sont peu assurés, comme si on voyait nos partenaires pour la première fois, qu’ils nous étaient totalement inconnus. Les choses les plus simples qu’on partage quotidiennement avec eux n’ont plus rien d’habituel, c’est comme si on repartait de zéro. Allez Pat, faut qu’on se reprenne, on voulait tellement goûter à ça !

Voilà, c’est mieux. Il nous fallait un peu de temps pour rentrer dans a partie. Les gestes sont plus francs, le rythme s’accélère enfin. Mais on a beau essayer et y mettre tout notre cœur, on ne parvient pas à mettre nos partenaires dans les bonnes dispositions. Alors on tente d’ouvrir le jeu, de passer par d’autres endroits, mais ça reste fermé. Pas facile de percer les défenses.

Pause. Elle est la bienvenue. On laisse retomber tout ça avant de repartir. Faut essayer de changer de stratégie mais il ne faut pas se livrer totalement au risque de ne pas aller au bout, de passer à côté de l’événement. On boit un coup, on fait le vide. Les partenaires veulent repartir au combat. Allez, on les suit.

Ça repart sur des bonnes bases, tout le monde est super motivé. Les petits gestes s’enchainent relativement bien, c’est fluide, ça tourne. Sympa tout ça mais va quand même falloir penser à concrétiser sinon on va rentrer bredouille mec. Pour l’instant ni toi ni moi n’avons trouvé la faille, c’est laborieux, ça devient frustrant.

Il reste encore quelques petites choses à tenter mais au fond, toi comme moi, on sent que la situation nous échappe, l’issue de la partie est mal barrée. On n’en peut plus, on est en transe, en sueur, on a les jambes qui tremblent à force de tout donner. Je dois malheureusement me rendre à l’évidence : pour moi c’est cuit, j’ai raté mon coup, direction la maison…

23 heures un peu passées. J’allume la télé et je te vois tenter toi aussi ton dernier coup de la soirée. Tu décides d’y aller en force mais la transversale renvoie ton tir. Voilà. Pour toi comme pour moi, c’est la barre qui nous a fait défaut. Sauf que cette barre était trop dure pour toi et trop molle pour moi. T’as pas réussi à cadrer et moi j’ai pas réussi à bander. On avait emmené des millions de personnes avec nous ce soir-là. Les tiennes sont rentrées à la maison, les miennes n’en sont pas sorties…

Ton palmarès en club et moi avons un point commun : nous sommes toujours vierges !

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Un jour, j'ai...
Publicité
Archives
Newsletter
1 abonnés
Publicité