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Un jour, j'ai...
20 octobre 2014

Un jour, j'ai... été agacé

 

 

violence

"Je ne peux admettre la violence, même contre la violence." Roger Martin du Gard.

 

T’as réussi à tout gâcher, en même pas trente secondes. Pourtant je pensais pas que j’en arriverais là. Comme quoi, tu as su réveiller la bête qui se cachait au fond de moi depuis une bonne vingtaine d’années.

Ce vendredi était le dernier jour d’une semaine harassante. J’ai couru partout pendant ces sept jours, j’ai été à la disposition des collègues qui avaient besoin de moi, des enfants que tu n’emmènes jamais ni ne récupères le soir et à ta disposition pour éviter que tu ne pètes un câble. Chose que tu te permets de faire souvent mais que tu me reproches quand parfois ça arrive.

Ta lubie d’en ce moment ? Aménager un coin pour recevoir du monde à la maison alors que tu es la personne la plus sauvage que je connaisse ! Tu veux recevoir des gens alors que tu te caches sous les fenêtres dès qu’un voisin s’approche de la maison ! Tu me casses les couilles avec ça depuis des semaines, à changer les meubles de place, à imaginer des trucs aussi tordus qu’irréalisables.

Alors parce que je marche sur des œufs avec toi depuis trop longtemps, parce que je ne veux pas heurter ta sensibilité de princesse, j’arrive à te faire croire que ça me plaît. J’arrive à t’encourager dans ce que tu fais parce que sinon je vais avoir la gueule. Ça me permet d’éviter les conflits, j’ai horreur de ça. Tu le sais, toi qui as un avis sur tout, et qui as décidé que parce que j’étais du signe du poisson j’avais tel caractère et pas un autre. Tiens, ça me permet de te dire que toutes tes grandes idées, je leur pisse dessus, en même temps que sur toi.

Ah ça y est tu chiales. Enfin tu beugles plutôt. Tu essaies de me parler mais je ne comprends pas ce que dis. Quoi ? Tu veux savoir pourquoi ? Tu veux que je te refasse le film de ce soir ?

Je commence par quoi ? On va suivre le déroulement de la journée ce sera plus simple si tu veux bien. Le premier truc que tu m’as dit ce matin tiens. Tu te souviens ? C’était : « C’est bien de remplir le lave-vaisselle, mais si tu pouvais aussi le faire tourner ! » Ah tu ouvres des grands yeux, pour toi c’est rien. T’as raison c’est pas grand-chose. Sauf que c’est tous les jours que j’ai droit à des piques comme celle-ci. Tu ne me passes rien, j’ai pas le droit de me plaindre, pas le droit de râler après les gosses, pas le droit d’aller contre ton avis.

A un moment, la soupape, elle saute. Parce qu’il n’y a pas eu que ça. Qui courait dans tous les sens ce matin pendant que tu avais le cul posé sur ta chaise à lire pendant le petit-déjeuner ? Qui s’est levé pour aller chercher le grand, surveiller son lait sur le feu parce que tu es incapable de ne pas le laisser bouillir ? Tous les jours c’est comme ça : tu es là, assise, et moi je cours. Dès le matin putain ! Je vais chercher le grand, je m’occupe de son lait, le sers, me rassois pour déjeuner – enfin déjeuner est un bien grand mot, ça fait deux mois que je bouffe plus rien le matin et tu t’en rends même pas compte, je vais chercher la petite un quart d’heure après, refroidis son lait parce que tu l’as laissé bouillir, lui donne son biberon puis débarrasse la table. Bah merde, t’es où ? Ah t’es là toujours le nez dans ta revue…

Alors forcément je pars bosser le matin je suis déjà à cran. Ah ça tu l’as bien remarqué, et t’as bien su me le dire aussi. C’est d’ailleurs la deuxième chose que tu m’as dite. Et ouais, t’as l’air d’être surprise mais c’est comme ça. Tu t’en rends pas compte. J’ai envie de te foutre une de ces raclées ma pauvre… Parce que tous les jours c’est comme ça : je cours au petit-déjeuner, et après aussi pour les préparer pendant que tu te lisses les cheveux pendant des heures. Pour ce que ça donne en plus. Tout ça pour t’entendre te plaindre parce qu’ils ne se mettent pas bien. Je pars avec eux le matin et tu es toujours en pyjama à brasser du vent : t’as raison c’est vachement utile de remplir le sac avec le verre à jeter alors que ton connard de mec galère avec les mômes et le reste.

Qu’est-ce que tu me dégoûtes avec ta morve qui pend du nez et tes cris de truie qu’on égorge ! T’as mal ? C’est d’entendre tout ça ou c’est le couteau planté dans ta main ?

Laisse-moi continuer, depuis le temps que tu veux que je parle. Le jour est venu ! Ferme-la et écoute.

J’en ai plein le cul de la vie que tu veux qu’on mène. Tu décides de tout, et faut qu’on soit d’accord. Qu’on te suive, et qu’on n’oublie pas de te complimenter sinon ta susceptibilité en serait heurtée. Mais là c’est fini tu entends ! Terminé, j’en peux plus. Je t’envoie des sms, tu ne réponds jamais, par contre faut que je réponde dans la minute à tes questions, tu chiales, faut je sois là alors que si j’ai un coup de mou, tu vas me faire une vieille morale qui va en plus me faire culpabiliser. Jamais un merci, jamais d’encouragements, rien.

Encore aujourd’hui tiens. Je t’en prie ferme ta gueule, laisse-moi continuer, j’en ai plus pour longtemps. Je rentre encore tard parce que comme d’habitude c’est moi qui cours pour emmener notre fils au sport alors que tu ne bosses pas le vendredi. J’arrive enfin à la maison mais je suis crevé, et là je vois des meubles qui ont encore bougé. Ça ne me plaît pas, comme souvent, sauf que ce soir j’ai pas réussi à le cacher. Tu l’as vu, et ça t’a pas plu. Si j’avais su quelles conséquences ça allait avoir, j’aurais fait autrement.

Et c’était parti pour la gueule. Sympa de rentrer, vraiment. J’essaie d’arrondir les angles, parce qu’on va quand même passer tout un weekend tous ensemble et j’ai pas envie que ça démarre mal. Mais t’en as rien à foutre. T’as décidé que c’était de ma faute et t’as réussi à me l’envoyer dans les dents. Ca s’était un peu apaisé, jusqu’à maintenant. Mais pourquoi j’ai voulu t’aider à préparer à bouffer merde ! Après tout tu ne lèves pas le petit doigt le matin quand je fais tout ce qu’il y a à faire.

J’ai pas supporté que tu viennes me dire que le pantalon que j’avais acheté pour le grand était moche et que de toute façon il ne lui irait pas et que tu l’avais vu tout de suite. Ta science infuse et toi, vous me faites chier. Surtout que tu me dis ça alors que je viens de t’annoncer que ma candidature pour le poste que je convoitais n’a pas été retenue. Il n’y a pas que toi dans cette maison et dans le monde.

Ta gueule. Ta gueule ou je te l’explose. Encore une minute. Tu peux bien m’accorder ces quelques instants de parole, je le fais depuis tant d’années.

Pas de bol pour toi. Tu m’as encore montré combien tu pouvais être agaçante, combien tu pouvais me donner envie de t’envoyer chier, combien tu me donnais envie de te baffer. Ta main était posée près de la planche à découper, j’ai pas pu résister. J’avoue, ça m’a amusé de voir la surprise dans tes yeux quand j’ai enfoncé le couteau dans ta main. T’as rien dit sur le coup, c’est que quand tu as compris ce qui se passait que tu t’es mise à chialer comme une gamine. Tiens essuie toi la main et le pif, t’en fous partout et tu sais que je déteste ça. J’aimerais bien t’envoyer une beigne ou deux mais je ne le ferai pas.

En fait je vais me barrer. A contre cœur cela dit. Parce qu’en partant et avec ce que je viens de faire, je sais que je perds à jamais le droit de voir mes enfants que j’aime tant. Tu leurs diras sans doute que je suis un connard, un être affreux. Sache que moi je ne leur dirai rien à propos de toi. Parce que tu es leur mère et que pour eux tu es la meilleure. Ce que je trouve dégueulasse dans tout ça c’est que ce que je viens de te faire laissera des traces, c’est visible. Alors que le mal que tu m’infliges depuis des années ne se voit pas. Embrasse les enfants pour moi, dis leur qu’ils vont me manquer.

 

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