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Un jour, j'ai...
11 mars 2015

Un jour, j'ai ... décidé de me reprendre en main.

Afin de savourer la lecture de ce billet, je vous recommande le fond sonore suivant:

Chienne de vie de Fatal Bazooka

 

"La vie est une tartine de merde dont on croque un bout tous les jours." Boris Vian

 

VDM

 

Toute ma vie on s'est payé ma tête. Depuis que je suis né, ça jase, on me regarde en se marrant, on parle de moi même quand je suis dans la pièce (sans forcément chercher à baisser le ton de sa voix en plus), j'entends les gens rire quand je passe près d'eux, je croise leur regard qui n'exprime aucune compassion...

 

C'est fini, j'ai décidé de me reprendre en main, et de montrer qui je suis vraiment!

 

J'ai pris cette décision hier.

J'étais tranquillement planqué chez moi dans mon bureau en train de jouer à Angry Birds de lire une note de service, quand j'ai fait un rapide bilan de ma vie. Plusieurs moments douloureux sont revenus à ma mémoire...

 

- Quand je suis né, j'étais moche. Comme quasiment tous les bébés vous me direz. Frippé, rouge, avec des restants de glaires sur le front et les joues. Jusque-là, rien d'anormal si vous avez déjà assisté à un accouchement. Sauf qu'en plus de tout ça, j'avais une immonde tignasse. Ah j'ai bien fait marrer tout le service alors que j'avais à peine 5 minutes. Quand Maman est rentrée de l'hôpital, ils lui ont filé les selfies qu'ils savaient tous faits avec le Polaroïd de la maternité... Et elle les ressortait à chaque anniversaire que je faisais avec les garçons de l'école qui tapaient si je ne les invitais pas mes copains d'école.

 

- Tiens, l'école. Là aussi j'ai galéré. En plus de mes cheveux qui n'ont jamais été coupés, j'avais des binocles immondes. Les copains du collège ne prenaient même pas la peine de les retirer pour me taper. Je me rappelle qu'en cours de sport, j'ai fini attaché dans un but de hand et les copains devaient me viser la tête. Qu'est-ce qu'ils rigolaient. De temps en temps le prof baissait son journal et comme il voyait que l'ambiance était bonne et qu'on ne venait pas l'embêter, ça lui allait. J'ai dû aussi faire les devoirs de tout le monde et avouer au prof de techno que je trouvais qu'il avait un super cul. C'était pas toujours facile alors, quand ça n'allait pas, j'allais m'enfermer dans l'endroit le plus chaleureux du collège: le CDI. J'avoue, j'étais raide dingue de la documentaliste de l'époque. Pis je sentais que c'était réciproque. Je lui parlais de mes lectures, de mes envies de m'évader, je lui souriais en dévoilant mes dents pourries mon plus beau sourire. Et elle avait vomi, je me rappelle. Dans la poubelle. Mais comme elle est cool, elle m'avait dit que ça n'avait rien avoir avec moi, c'est parce qu'elle était enceinte. Je sentais bien qu'elle aimait que je sois là. Quand je partais elle s'empressait d'aller ouvrir les fenêtres du CDI, parce qu'en plus je puais pour me regarder. Elle me donnait des surnoms affectueux: mon petit puceau, mon sconse des forêts... Un jour, par curiosité j'ai cherché la définitoin de ces mots et j'ai su ce que ça voulait dire...

 

- Puis j'ai grandi. J'ai changé plusieurs fois de ville. J'aimais bien quand on déménageait, j'avais quelques moments de répit. Je pouvais me remettre des beignes que j'avais reçues avant, je me faisais discret quelques temps, là j'étais bien. Et j'ai vu cette fille qui m'a tapé dans l'oeil. Avec une branche. Putain ça m'a fait mal! J'avais retiré mes lunettes parce que je trouvais que ça faisait plus cool. Le souci c'est que je ne voyais pas à plus de 10 cm. L'impact m'a crevé un oeil. Elle a dû tout expliquer à ses parents, qui, gênés, se sont dit qu'elle se devait d'être la copine du petit nouveau qui venait d'arriver. Je passais tous mes mercredis chez elle. Je l'aidais à parfaire ses techniques de boxe, je lui faisais l'aidais à faire ses dissertations, ses copines nous rejoignaient au goûter et là c'était génial: elles me bandaient les yeux et me faisaient manger des tas de choses sucrées et salées, elles m'habillaient en fille pour faire partie de leur bande. Et puis un jour j'ai su que j'avais mangé des crottes de souris, des rognures d'ongles (ça sentait pourtant la cacahuète), du sirop de fraise dans du lave glace... Quatre mois d'hosto...

 

- Mais je ne leur en ai pas voulu. Prises de remords, elles étaient venues s'excuser. Y'en a même une un jour qui a voulu me faire une blague en me vidant ma poche de pisse sur le visage, qu'est-ce qu'on a ri elle et moi! Enfin surtout elle... Je suis sorti de l'hôpital, tout bien retapé. J'ai revu celle qui m'avait tapé dans l'oeil. Elle était toujours aussi belle. J'étais fou amoureux. J'étais devenu un adolescent chétif et boutonneux comme les autres. Un ado dont le corps change. Le temps des premiers émois. Je savais que l'heure de devenir un homme approchait. Tous les racketteurs copains du lycée me disaient qu'ils avaient déjà couché avec leur copine ou leur porf d'Anglais, leur voisine, ou ma mère. Mais ça je n'y croyais pas parce que qu'est-ce qu'elle était moche ma mère! Heureusement que niveau physique, je tiens de mon père. Pour ne pas être pris au dépourvu le jour où je devrai passer à l'acte, je suis parti au Leclerc pour acheter des préservatifs. Je trouvais ça mieux que d'aller à la pharmacie. Je passais plus inaperçu et je n'avais même pas besoin de parler. Je suis allé dans le bon rayon, j'ai pris ce qu'il me fallait et je me suis rendu à la caisse. Personne ne me regardait, ni ne faisait attention à moi. La dame devant moi finissait de mettre ses courses dans son sac, ce fut à moi. La caissière prit la boîte et la passa devant le lecteur de code-barres. Rien. Elle essaya une fois, deux fois, six fois. J'avais arrêté de respirer. Elle a alors pris faire un appel micro pour demander le prix. Le micro ne marchait pas. Alors elle s'est levée et s'est faite aussi discrète que possible pour appeler sa collègue: "VIRGINIE, C'EST POUR UN PRIX!" dit-elle en agitant la boîte. "DUREX PLAISIR INTENSE" "QUELLE TAILLE?" "XS!" Je suis reparti en courant, sans mes capotes.

 

Hier donc, je me suis dit ça suffit.

J'ai viré mon bandeau et j'ai mis mon oeil de verre.

J'ai acheté un nouveau costume.

Je me suis coupé les cheveux (bon je les ai gardés un peu longs parce que j'ai de l'eczema dans le cou) et les ai teints en gris.

Sur un coup de tête, je me suis fait tatouer un aigle dans le dos, ça me donne confiance en moi.

Le nouveau chef arrive.

Plus jamais vous ne me ferez chier.

Je vais vous briser.

Je vais vous faire regretter vos moqueries, vos railleries.

Comme disait Drago dans Rocky IV: "Tou seras KO".

Tremblez, je vais régner sur le collège d'une main de fer.

 

Debout sur ma terrasse juste avant que le soleil se lève, la petite pluie fine ruisselle sur mes muscles bandés et mes abdominaux saillants.

Je me sens fort, invincible, inarrêtable. Je vais vous faire payer.

Alors je me mets à sourire, puis a rire à gorge déployée.

La pluie se fait plus forte.

La tête levée vers le ciel, la bouche ouverte pour goûter à la pluie et les yeux fermés, je laisse la force et la puissance s'installer dans mon corps.

 

"VOUS M'ENTENDEZ LES MERDEUX? JE VAIS V....."

 

Un oiseau m'a chié dans la bouche.

 

 

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